Actualités  |  Jeudi 7 novembre 2013

Parlez-vous à un ami une arme à la main?

Scandale: les Etats-Unis mettent sur écoute les portables de leurs alliés occidentaux! La France et l'Allemagne découvrent ce qui se passe quand un plus puissant que soi fait ce qui lui plaît, sans se soucier ni des amis ni de leurs droits. L'Union européenne et certains de ses membres ne se gênent pourtant pas pour malmener la Suisse - un pays ennemi? - et chercher à nous imposer leurs lois par tous les moyens.  

La mission parlementaire sur les paradis fiscaux, constituée en France en 2012, vient de rendre son rapport. Au-delà du couplet habituel sur la nécessité d'obtenir la fin du secret bancaire dans les dernières grandes places fortes financières (la Suisse, le Luxembourg, Singapour, etc.) pour lutter contre l'évasion fiscale, on voit poindre un tout autre enjeu de cette "guerre". Car il s'agit bien d'une guerre économique et non pas seulement d'une lutte contre l'évasion fiscale, évidemment plus facile à justifier au nom de la morale. Sinon pourquoi les auteurs du rapport posent-ils ce type de questions: "Est-il normal que Genève soit le premier exportateur de pétrole?"

"L'Europe et la France doivent agir pour récupérer les recettes fiscales qui leur manquent cruellement", dit encore le rapport. Le problème, c'est qu'une part importante de ces recettes fiscales se trouve en Europe même. En rendant compte du rapport parlementaire, le journal Le Monde publie en effet une liste des principaux pays incriminés. Il y a là l'île de Man, les îles de Guernesey et de Jersey, les îles Caïman, les Bermudes, toutes possessions britanniques. On y trouve aussi les Antilles néerlandaises, le Luxembourg, Chypre, l'Irlande, qui font également partie de l'Union européenne. En voulant "récupérer" des fonds qui se trouvent déjà chez elle, l'Europe ne fera que favoriser les places financières qui resteront sourdes à ses récriminations, au Moyen-Orient et en Asie. On voit d'ici la France, qui a besoin de capitaux chinois pour renflouer Peugeot, se plaindre à Pékin de la concurrence financière de Hong Kong. Ou aller vérifier sur place que l'échange automatique d'informations est vraiment appliqué au même titre que les droits de l'homme.                      

Plus profondément, ce rapport fait une fois de plus l'amalgame entre la lutte contre la fraude fiscale - celle qui a provoqué la chute de M. Cahuzac - et la condamnation de pays qualifiés de paradis fiscal pour le simple motif qu'on y paie des impôts modérés. Le gouvernement français serait mieux inspiré d'écouter les Français. Selon un sondage réalisé au début du mois d'octobre, 78% d'entre eux estiment que les impôts augmentent régulièrement, que la droite ou la gauche soit au pouvoir. Et 72% jugent le montant de ces impôts excessif. Tant et si bien que près d'un citoyen sur deux approuve l'exil fiscal!                

Olivier Feller
Conseiller national PLR Vaud

Article publié dans 24 heures du 7 novembre 2013